Du lundi 9 au vendredi 13 mai, 30 élèves de troisième du collège Jean-Demailly de Seclin ont pris la direction de Cracovie, en Pologne, pour suivre un voyage de mémoire autour de la Shoah et du devoir de mémoire. Ce séjour, financièrement soutenu par la Ville de Seclin, est le fruit de la collaboration entre Christophe Caron, professeur d’histoire-géographie au collège Jean-Demailly, et Roger Mille, conseiller délégué aux Affaires Patriotiques.
Un périple comme un point d’orgue du travail de mémoire engagé depuis plusieurs mois déjà par les jeunes. Pendant une semaine, les collégiens ont pu plonger au cœur de l’histoire dramatique de la communauté juive lors de la Seconde Guerre mondiale, notamment en visitant le camp d’Auschwitz-Birkenau. Ils en reviennent l’esprit forcément marqué par les découvertes et rencontres réalisées sur place, mais aussi comme témoins d’une mémoire à sauvegarder alors que la guerre est de nouveau présente en Europe.
C’est en plein cœur de Cracovie, ville de 780 000 habitants, que les jeunes de quatre classes de troisième du collège Jean-Demailly ont pris leurs quartiers pendant cinq jours. Au beau milieu du centre historique de cette ville qui a été le théâtre malheureux du génocide juif par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
Un voyage longuement préparé
La destination n’a évidemment pas été choisie au hasard. C’est d’ailleurs avec un bagage de connaissances déjà très complet que les jeunes seclinois ont posé leur valise en Pologne, au lendemain des cérémonies commémoratives du 8 mai 1945. « Nous travaillons avec eux depuis le mois de décembre sur la Seconde Guerre mondiale et notamment le génocide juif, présente Christophe Caron, professeur d’histoire-géographie au collège Jean-Demailly de Seclin. En plus du programme scolaire, les élèves ont travaillé sur différentes lectures retraçant les événements de l’époque. On a aussi décortiqué le film "La liste de Schindler"… Et ils ont participé aux cérémonies patriotiques du 11-Novembre, à la journée nationale du souvenir de la déportation et aux cérémonies du 8-Mai, organisées par la Ville de Seclin. »
Une ambition motivait ce voyage : « qu’ils l’utilisent pour leur future vie de citoyen et qu’ils puissent transmettre ces moments forts à leur entourage », souligne Christophe Caron.
Un objectif partagé côté Ville, comme l’indique François-Xavier Cadart. « Lors de ce voyage, nous avons pu constater que le savoir et la connaissance étaient les ennemies des dictatures, présente le maire de Seclin. Nous avons voulu permettre aux jeunes d’avoir accès à la vérité historique de ce qui a pu se passer pendant cette période. »
Une rencontre avec les jeunes polonais
Après une première journée de voyage pour parcourir les 1200 kilomètres qui séparent Seclin de Cracovie, les 30 collégiens ont pu se plonger dans la culture locale dès le mardi 10 mai. D’abord en rencontrant leurs homologues polonais du lycée numéro 3 de Zabrze, une commune jumelée avec Seclin depuis 1964 et située à l’ouest de Cracovie.
Sous la houlette d’Izabella Pordzyk, l’une des trois professeurs de français de l’établissement, les collégiens seclinois ont pu échanger avec leurs voisins européens. Des échanges sur leur vie quotidienne, mais aussi sur l’histoire du pays et sur la guerre. Un dialogue qui aura occupé toute la matinée avec, à l’issue, des liens tissés par-delà les frontières.
Un jumelage renforcé avec la Ville de Zabrze
En parallèle, les élus de Seclin François-Xavier Cadart, Roger Mille et Amandine Rosenberg rencontraient la présidente de Zabrze (l’équivalent du maire), Małgorzata Mańka-Szulik. L’occasion de réaffirmer les relations entre les deux villes. « Les liens que nous tissons aujourd’hui avec la Ville de Zabrze sont porteurs d’espérance, insiste François-Xavier Cadart. Ils nous offrent la possibilité de travailler sur les liens entre les peuples. La paix ne sera durable que si les peuples sont unis et en capacité de travailler ensemble. »
Et si, en 2022, le quotidien d’un jeune polonais n’a pas grand-chose de différent de celui d’un jeune français, les collégiens de Seclin ont aussi pu découvrir les similitudes historiques entre Zabrze et le Nord-Pas-de-Calais en visitant la mine historique de Guido. Guidés par d’anciens mineurs polonais, ils ont plongé à 320 mètres sous terre pour découvrir la tradition minière polonaise.
Une visite d’Auschwitz-Birkenau et un temps de recueillement pour ne jamais oublier
Temps fort de ce déplacement en Pologne pour les Seclinois : la visite, mercredi 11 mai, du musée d’Auschwitz-Birkenau. Une visite du camp de concentration et d’extermination le plus connu de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.
Plus d’un million de personnes y ont perdu la vie, victimes de l’extermination de masse des nazis. « Les élèves avaient été particulièrement préparés à cette visite, mais rien ne vaut d’être sur le terrain », assure Christophe Caron.
Une étape émotionnellement forte dont se souviendront assurément les collégiens. « C’était très émouvant, sérieux, confie l’une d’eux. C’est une partie du voyage qui m’a beaucoup touchée. » « Auschwitz m’a beaucoup marqué, embraye un autre. Je savais à quoi m’attendre, mais on a forcément de la peine pour les gens qui sont allés là-bas. »
À l’issue de la visite guidée des deux sites qui forment le musée d’Auschwitz-Birkenau, une gerbe de fleurs a été déposée devant la stèle française du mémorial dédié aux victimes de la Shoah. Un moment sobre, mais propice à un recueillement indispensable après une journée de visite intense.
Plongée au cœur du ghetto et de l’ancien quartier juif de Cracovie
Dernière étape du voyage, jeudi 12 mai : la visite de l’ancien ghetto juif de Cracovie, dans le quartier de Podgorze suivie de celle du quartier de Kazimierz, l’ancien quartier juif de la ville.
Dans ce qui correspond à l’ancien ghetto, les collégiens ont pu pousser la porte de la « Pharmacie sous l’Aigle ». C’est dans cette officine que Tadeusz Pankiewicz, un Polonais non-juif, a risqué sa vie en décidant de rester dans le ghetto et en portant secours aux Juifs cloîtrés dans le quartier de Podgorze entre 1941 et 1943. Le pharmacien a notamment risqué sa vie en fournissant gratuitement des médicaments aux habitants du ghetto, mais aussi en les aidant à se cacher des raids de la Gestapo…
Tadeusz Pankiewicez a reçu le titre de Juste parmi les Nations en février 1983. C’est dans sa pharmacie, reconvertie en musée, que les collégiens ont pu découvrir le quotidien de ce ghetto dans lequel 45 000 Juifs sont passés pendant ses deux ans d’existence.
Ensuite, les jeunes seclinois ont pris la direction de l’ancienne usine Schindler pour découvrir une exposition retraçant le quotidien à Cracovie avant, pendant et après l’occupation nazie. Avec une scénographie particulièrement immersive, les collégiens ont pu plonger au cœur de cette période dramatique de l’histoire européenne, mais aussi découvrir des scènes de la vie quotidienne polonaise.
Ultime étape du programme : l’ancien quartier juif de Kazimierz. L’un des principaux foyers juifs d’Europe, avant la Shoah. Chaque rue de ce quartier en pleine métamorphose témoigne de la culture juive qui l’imprègne. Foyer de la culture juive pendant des siècles, le quartier a été saccagé pendant la Seconde Guerre mondiale. À l’instar des tombes du cimetière jouxtant la synagogue de Rem’’ou qui ont été détruites par les nazis.
C’est la caméra de Steven Spielberg posée dans ce quartier pour tourner plusieurs scènes de "La liste de Schindler" qui permettra à cette zone de la ville de retrouver son dynamisme.
Aujourd’hui, le quartier incite à la flânerie et à la découverte de ses rues animées et de ses commerces typiques. Comme un havre de paix dans ce qui a été le théâtre d’une persécution innommable.
Ce sont sur ces images que le groupe seclinois terminera son voyage éducatif au programme particulièrement intense. « En organisant ce genre de voyage, on cherche à éveiller nos jeunes à la culture européenne, à leur donner le goût d’apprendre et de découvrir, d’aller au-delà, termine Christophe Caron. Tout ce qu’ils auront vu pendant cette semaine les marquera, j’en suis persuadé. Et j’espère qu’ils transmettront ce qu’ils ont appris. On n’a pas besoin d’être professeur d’histoire-géographie pour ça. »
Le samedi 25 juin, à 18h, un film sur le voyage sera projeté dans la salle Ronny-Coutteure. La projection, ouverte à toutes et à tous, sera suivie d'un retour d'expérience des élèves du collège Jean-Demailly.
